122. Petits conteurs en herbe (2) (Février 2012)

     En chacun de nous sommeille un conteur ...
Voici le fondement d'une approche pédagogique de l'écrit centré sur le plaisir d'écrire.

     L'an dernier, les CM2 avaient adoré aller à la Bibliothèque de Marcy pour travailler le Conte avec les bibliothécaires.
3 groupes ... 3 histoires sur le thème "des volcans" (Classe Rousse à la Bourboule !)


     Lien :      http://cm2marcy.blogspot.com/2011/03/10-petits-conteurs-en-herbe-16-decembre.html

     Cette année, l'expérience est reconduite mais sur un nouveau thème : "Peau de ..." (Film Peau d'Ane vu au cinéma).

Le groupe de Geneviève

Peau de crocodile

     Il était une fois, dans le village africain d’Akitokoto, une pauvre famille qui avait neuf enfants et qui avait beaucoup de mal à les nourrir. En effet, depuis quelques années, la sécheresse se faisait de plus en plus accablante et le grain se faisait vraiment rare dans les greniers. Lorsque le dixième enfant arriva, le père alla demander conseil au sage du village :

« Grand sage Mokoto, dit le père, aujourd’hui ma femme vient de mettre au monde notre dixième enfant que nous avons appelé Kitou. Hélas, nous n’avons pas de quoi le nourrir. Que pouvons-nous faire ?

- Le seul moyen de sauver la vie de cet enfant, répliqua le sage, c’est de l’abandonner dans la savane. Mais ne sois pas inquiet pour lui. Je vais te donner un collier magique que tu lui mettras autour du cou. Ce collier lui donnera le pouvoir de parler le langage des animaux qui l’adopteront comme l’un des leurs et qui le protégeront. Pour cela, tu iras à l’endroit où la rivière se jette derrière le grand rocher et tu y déposeras l’enfant avec le collier autour du cou. Mais prends garde ! Ce collier est sacré ; Asbram le sorcier le convoite et il est prêt à tout pour s’en emparer. Personne ne doit savoir que l’enfant le porte sinon sa vie sera en danger et le monde entier plongera dans les ténèbres…

     Le soir même, le père de Kitou fit ce que le sage avait dit et s’en retourna au village le cœur serré mais plein d’espoir pour la vie de son enfant.

     Les années passèrent. L’enfant grandit au milieu des animaux qui étaient devenus sa famille. Son meilleur ami était un crocodile qui s’appelait Cactustocou. Ils étaient comme les deux doigts de la main et ensemble, ils adoraient faire du surf sur la rivière. Comme la vie était belle dans la savane…

     Hélas, Asbram convoitait toujours le collier qui lui permettrait de devenir le maître du monde avec les animaux dont il se servirait comme d’une armée. Un jour, il fut informé par son singe domestique, un ouistiti, qu’une rumeur circulait chez toutes les bêtes du continent … On racontait qu’il y avait quelque part un enfant qui vivait comme un animal et portait un collier magique. Collier qui lui permettait de parler leur langage. Asbram demanda alors à son singe de se rendre dans la savane pour essayer d’en savoir encore plus sur cette histoire qui l’intriguait beaucoup. Le ouistiti, se faisant passer pour un animal sauvage, s’infiltra facilement au milieu de ses semblables.

     Quelques jours plus tard, il revint auprès du sorcier et lui fit son rapport : « Asbram, mon maître, il y a bien un jeune garçon qui vit là-bas et en effet il porte autour du cou un collier dont il ne se sépare jamais. Son meilleur ami est le redoutable Cactustocou, le crocodile le plus malin d’Afrique. Ils sont inséparables. Il sera donc très difficile de s’emparer du collier…

- J’en fais mon affaire, répondit le sorcier. Retourne dans la savane et provoque le crocodile par tes facéties pour l’obliger à te suivre jusqu’à moi…Je vous attendrai vers le grand baobab et lorsqu’il s’approchera, il tombera dans le piège que j’aurai creusé. »

     C’est ce qu’il se passa… Le sorcier tua Cactustocou et … le dépouilla de sa peau !

     Le lendemain, Kitou se demanda où était passé son ami crocodile. Il le chercha partout mais en vain. Il était effondré. Tout à coup, le sorcier surgit devant lui en brandissant la peau de Cactustocou devant les yeux : « Si tu ne veux pas finir comme lui, donne-moi tout de suite le collier qui pend à ton cou ! menaça Asbram.

- Jamais ! hurla Kitou bouleversé par la mort du crocodile. Ce collier est la seule chose qu’il me reste de ma vraie famille. Tu ne me fais pas peur… Tu ne tueras plus jamais personne ! »

     Il se mit à crier au secours dans une langue étrange et, quelques secondes après, tous les animaux furent réunis autour de lui : le lion, la gazelle, l’éléphant, l’hippopotame … Alors, ceux-ci encerclèrent le sorcier et l’obligèrent à reculer jusqu’au bord d’un grand ravin. Ravin dans lequel il tomba et où il fut dévoré par les nombreux crocodiles qui vengèrent leur frère Cactustocou.

     Kitou se vêtit de la peau de son ami et ne la quitta jamais. Le singe du sorcier, lui, était tombé amoureux d’une femelle pendant son séjour dans la savane et demanda pardon à la communauté qui l’accepta parmi les siens.

     Peu de temps après, la pluie se remit à tomber régulièrement … Asbram avait jeté un sort pour que celle-ci ne tombe plus et, une fois le sorcier disparu, le maléfice fut rompu ! Les récoltes redevinrent abondantes et le père de Kitou put s’en retourner à l’endroit où il avait abandonné son enfant quelques années auparavant.

     Près du rocher se trouvait un crocodile. Effrayé, le père faillit s’enfuir quand soudain il vit autour du cou de l’animal, le collier qu’il reconnut immédiatement. C’était Kitou, son fils, qui se trouvait sous la peau de ce crocodile.

     Kitou rentra alors auprès des siens.

     Depuis, plus personne dans la tribu ne chassa d’animaux ; tous devinrent végétariens !

JUSTINE / MAEL / THEO / STANISLAS / BASTIEN / MATHILDE / VICTORIA / JULIE et Geneviève

Celui de Marie-France

Peau de Patapon

     Sur Filipon, sœur de Jupiter, vivait la tribu des Patapons.

Les Patapons étaient des animaux bizarroïdes : leur corps était un mélange de serpent, de zèbre et … de pingouin ! Leur chef Plancton-Plon, âgé de 3000 ans, était le plus beau d’entre eux avec sa belle couleur dorée de la tête aux pattes. Tous étaient végétariens et se nourrissaient de feuilles d’arbres.

Or, la forêt qui recouvrait autrefois la planète, avait presque disparu à cause d’un parasite qui attaquait les arbres les uns après les autres.

Les arbres dépérissant, la vie devenait difficile pour les Patapons …

     Un vilain matin durant lequel une pluie de cailloux tombait sur la planète, Plancton-Plon trouva la mort sous un gros rocher qui le transperça et le vida de son sang.

     Toute la tribu de Patapons accompagna son chef adoré sur la montagne où se trouvait l’arbre sacré du Paradis. Chacun était désespéré et chantait le Paton, le chant traditionnel pour l’enterrement des chefs aimés de tous.

     Après avoir déposé la dépouille de Plancton-Plon tout en haut du bel arbre, les Patapons se mirent à souffler, souffler, souffler …

Le corps du vieux chef vibra puis s’envola doucement. Tout doucement … Les Patapons rentrèrent chez eux que lorsque le défunt ne ressembla plus qu’à un minuscule point.

     Alors, la dépouille flotta dans l’espace durant des années et des années. Les mauvaises rencontres furent nombreuses dont celle qui vit des Martiens dévorer le corps flottant pour ne laisser que la peau et … l’âme du chef. L’ensemble continua son « voyage » intersidéral et finit par tomber sur un nouveau continent de la Terre : le Tambla.

Elle se posa en douceur sur un arbre aux feuilles magiques et aux fruits multiples.

     Un enfant du proche village de Villaland passait par là quand un beau fruit multicolore et en forme de spirale de l’arbre, attira son attention. Il s’approcha alors pour le cueillir quand soudain une voix retentit : « Touche-moi ! »

Il sursauta mais sa curiosité l’emporta. Il prit la peau dans ses bras et partit avec dans sa soucoupe-volante. A l’intérieur de cette dernière, aidé par un robot supintelligent, il soigna les plaies de Plancton-Plon et reconstitua son corps !

     Ce fut comme une renaissance pour le vieux chef qui eut très vite des visions : vivre à nouveau sur Filipon. Il envoya donc des signaux de lumière en direction de la planète.

Tous les Patapons arrivèrent quelques semaines plus tard. Leur chef retrouvé, les Patapons vécurent à nouveau heureux sur ... la Terre. Planète qui possédait bien des arbres et sur laquelle ils décidèrent de s’installer.

LEO / SACHA / JULES / SALOME / CANDICE / NOE R / JEREMY / MATHYS F / JEANNE / CORENTIN et Marie-France

Et celui de Klervi

Peau de Cerf

     Il était une prochaine fois, à des décennies et des décennies du monde que nous connaissons aujourd'hui, notre planète, la Terre, qui aura connu un baby-boom mondial hors du commun. Celui-ci aurait pu ne pas avoir de conséquences insurmontables si des chercheurs n’avaient pas réussi, entre temps, à créer un médicament permettant de vivre un millénaire. Plus le temps passait ... moins de la place il restait.

     C'est ainsi que des astronautes voulurent chercher cette fameuse place supplémentaire aux quatre coins de l’Univers et ils découvrirent une planète.  La jumelle parfaite de la nôtre. Enfin … presque. La seule et unique différence était que celle-ci était carrée !

     Les Hommes commencèrent à s’y installer. Et, parmi eux se trouvait la famille d’un jeune garçon appelé Nilno.

Un jour, comme tous les jours, la mère de ce dernier lui demanda d’aller chercher des fraises dans les bois. En chemin, Nilno aperçut quelque chose qui brillait dans un buisson. Il s’approcha et saisit l’objet. En l’examinant, il découvrit que c’était une peau de cerf à six pattes. 

Or, il avait entendu de vieilles légendes qui racontaient que celui qui trouverait une peau comme celle-ci rapporterait joie et bonheur à ceux qui l’entouraient.

Tout excité de sa trouvaille, Nilno s’empressa de la ramener au village. Toute la soirée, les gens du village vinrent admirer la peau "magique". Certains organisèrent même une fête en son honneur.

     Le lendemain matin, la joie fit place à la peur lorsqu’on annonça la disparition, dans la nuit, de la femme du Maire.

Des recherches se mirent en place. Toute la journée et toute la nuit, des battues furent faites. En vain.

     Le matin suivant, l’affolement et la terreur envahirent à nouveau les habitants. Deux nouvelles personnes étaient portées disparues.

Le village commença à soupçonner la peau ramenée par Nilno d’être la source de ces disparitions.

Nilno, vexé, voulut leur prouver que la peau n’était pas maléfique et décida de rassembler le village sur la grande place centrale.

Entourés par les habitants, l'enfant mit alors la peau sur ses épaules. Une lumière éblouissante jaillit. Lorsque les habitants purent enfin ouvrir les yeux, Nilno s’était volatilisé. « C’est bien la preuve que cette peau emmène les habitants » cria le Maire.

     Or, le jeune enfant se retrouva au milieu d’une grotte sans savoir où il était exactement. Là, une boule brillante apparut. Nilno la suivit et se retrouva face à un vieillard qui lui dit : « Je t’attendais ».

Nilno ne réussit pas à dire un mot. L’homme continua : « Nilno, tu vas devoir partir en quête des disparus de ton village. La peau t’y guidera. Tu devras cependant passer des épreuves. Montrer ton courage. Cette peau peut apporter le bonheur mais encore faut-il le mériter … ».

Le vieux voyant se volatilisa en un nuage de fumée et Nilno se retrouva alors seul, au milieu de cette effrayante grotte, dans ce monde inconnu où il ne savait pas dans quelle direction commencer ses recherches.

     En sortant, le soleil l’éblouit un peu. Il fit pourtant un pas en avant et sentit quelque chose se casser sous sa chaussure. Comme un bruit de verre. Il se baissa pour ramasser les morceaux et découvrit une sorte de vitrail. Il en recomposa le puzzle et, sous ses yeux, apparut  une sorte de plan. Il trouva dessus un dessin de sa Terre et en déduisit alors qu’il était dans un autre monde et que les points noirs disséminés dans cette galaxie représentaient les disparus à aller sauver.

     Il se concentra sur le premier point noir à atteindre et remit la peau de cerf sur ses épaules. Il se téléporta d'un coup et atterrit au milieu d’une forêt, non pas d’arbres, mais de feux. Cependant, ceux-ci ne brûlaient ni Nilno, ni la peau. de même, ils n'étaient même pas chauds ! Et oui, une forêt de feux figés. 

L'enfant se mit à marcher, à suivre le chemin des yeux en espérant y trouver la trace du passage de son disparu. c'est alors qu'un Licoiseau, sorte d’hirondelle ayant une corne au milieu du front, vint se poser sur son épaule. Nilno comprit très vite qu’il devrait se laisser guider. 

Après quelques brèves minutes, il entendit des gémissements et vit la femme du Maire, apeurée devant un Troll, qui se demandait à quelle sauce il allait la manger. Le Troll faisait au moins quatre fois la taille de Nilno. Il s’emplit de courage et attendit le moment propice. Lorsque la créature s’éloigna un peu, Nilno se mit à courir à en perdre ses jambes et bondit sur la femme du Maire  la peau de cerf à la main. Lorsqu’il lui tomba dessus, la peau les enveloppa tous deux et les fit disparaître sous les yeux du Troll qui venait ainsi de perdre son déjeuner.

     A nouveau réunis, ils arrivèrent alors sur une planète désertique où rien ne sortait du sol. La terre était violette et sèche. Nilno essaya d’ignorer les mille et une questions de la femme du Maire à côté de lui. Il se concentra, ferma les yeux et attendit l’indice. Un astéroïde le frôla brusquement à la vitesse de la lumière et vint s’écraser derrière son dos. D’où venait-il ?  Pas le temps d’y réfléchir qu’un second bloc de pierre lui fonçait dessus … Cette fois, Nilno vit dans quelle direction aller. Il avait compris ; il ne fallait pas fuir en leur tournant le dos mais aller droit devant. Il attrapa donc la femme du Maire par le bras et se mit à courir avec elle. Ils zigzaguèrent entre les rochers qui pleuvaient. A bout de souffle, finalement, ils tombèrent nez à nez avec les jumelles, les disparues du deuxième matin. Elles étaient là, enlacées l’une à l’autre, priant pour qu’aucun astéroïde ne leur tombe dessus. Nilno prit à nouveau sa peau de cerf magique, entraîna la femme du Maire contre les jumelles et les entoura du fabuleux vêtement. « Rentrons à la maison » annonça-t-il.

     En rouvrant les yeux, les quatre voyageurs regardèrent autour d’eux. Cherchant désespérément un indice, un élément, quelqu’un, qui leur ferait penser qu’ils n’étaient pas loin de leur village. Mais rien de familier. Ils étaient au sommet d’une montagne. Une montagne qui était une planète à elle seule. Autour d’eux, l’espace. Sous ses pieds, Nilno sentit la terre se dérober. Le sol s’ouvrit et ... ils tombèrent, tombèrent, tombèrent. Ils se mirent à glisser le long d’une paroi sorte d'immense toboggan sans fin. 

Arrivés au bout, face à eux, se dressait un chaudron. De celui-ci, des sortes de flammes arc-en-ciel en sortaient. Nilno, sans crainte, s’approcha et vit, gravé sur le côté, un dessin de la peau de cerf à six pattes. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Devait-il mettre la peau dans le chaudron ? Mais s’il le faisait, elle serait désintégrée et alors, comment ramènerait-il les disparues au village ? Tout le monde penserait qu’il aurait échoué et que les filles étaient mortes à cause de lui, à cause de sa trouvaille !

     Nilno ne chercha pas à demander leur avis à la femme du Maire et aux jumelles, toujours collées l'une à l'autre, qui ne comprenaient toujours pas ce qui leur arrivait et ne pouvaient rien faire à part se plaindre avec de petits cris de peur et des gémissements.

L'enfant ferma à nouveau les yeux et prit une grande respiration qui sembla durer, durer... 

Lorsqu’il relâcha en un seul souffle tout l’air de ses poumons, il jeta la peau dans le chaudron.

Alors que les filles se mirent à hurler en pleurant qu’elles ne reverraient plus jamais leur village, qu’elles allaient mourir là dans cette montagne par sa faute, sortit du chaudron un cerf à six pattes : « Tu m’as ramené chez moi. Tu as retrouvé tes amies et tu as passé les épreuves. De plus, tu n’as pas hésité à perdre le pouvoir de ma peau en la jetant au feu.

Pour cela, tu mérites une récompense. Prends le chaudron. Que chacun d'entre vous y pose une main et il vous ramènera chez vous. »

     Soudain, le cerf se mit à courir et disparut dans la caverne. Il ne restait plus qu'à Nilno et aux trois filles de poser chacun une main sur l’anse du chaudron. Un tourbillon emmena la montagne entière et les transporta à travers la galaxie.

     Tout à coup, au village, un bruit de tonnerre se fit entendre. Les villageois coururent vers la place centrale. Au milieu de traces de cendre, Nilno, la femme du Maire et les jumelles étaient assis, un peu déboussolés. Tous crièrent de joie et cela suffit à sortir les quatre voyageurs de leur étourdissement.

Ils étaient sains et saufs. 

Le village avait non seulement retrouvé ses disparues mais, de plus, Nilno leur ramenait un chaudron rempli d’or. 

Comme quoi cette peau de malheur pouvait bien apporter joie et bonheur ! ...

AXEL / VICTOR / NOE B / MATHIS A / ELEONORE / ARMELLE / CHLOE / TEA / CLEMENT et Klervi

     Les objectifs de ce travail de groupes :

. Développer l'interaction orale entre les divers éléments d'un groupe.
. Construire ensemble un texte avec les connaissances et les moyens linguistiques de chacun.
. Aboutir à une mise en commun : lecture à voix haute aux autres groupes (classes ?) et exposition du texte sur ce Blog.


     De cette façon, le résultat de la création sera issu d'un effort collectif ; ce qui motivera davantage chacun des enfants.
Chacun apportera sa pierre à l'édifice et contribuera au projet dans la mesure de ses possibilités.
Chacun sera mis en valeur par la réussite collective.




                                                                                                            Guy